Léna Sophia Bagutti-Khennouf est danseuse et chorégraphe franco-suisse d’origine algérienne, née au Tessin et basée à Lausanne.
Elle se forme en danse contemporaine à Varium (Barcelone), au NSCD (Leeds) et à danscentrumjette (Bruxelles), avant d’obtenir en 2017 un CAS en Theatre Performance and Contemporary Live Arts à l’Accademia Teatro Dimitri. C’est dans ce cadre qu’elle crée son premier solo, oSmosi, inspiré de Peau noire, masques blancs de Frantz Fanon et de l’histoire migratoire de sa famille.
En 2020–2021, elle rejoint la Cie Le Marchepied, puis collabore en tant que danseuse et assistante avec divers chorégraphes tels que Martin Zimmermann, Perrine Valli, Soraya Leila Emery, La Ribot, Tabea Martin, Nicole Seiler, Manuela Bernasconi, ainsi que Ricardo de Paula et son collectif berlinois Grupo Oito. Parallèlement, elle développe des collaborations dans le champ musical : elle danse en tournée pour Baby Volcano, participe à des vidéoclips pour Sami Galbi et 3yooni, et intervient comme regard extérieur pour l’artiste musicale de harsh noise Elie.
Son parcours est également nourri par des plateformes et laboratoires chorégraphiques : elle prend part à Brückerei, sous le mentorat d’Alain Platel (2022) et de Jonathan Burrows (2024), et participe à Loops, projet de danse, dialogue et dramaturgie initié par l’AVDC.
En 2023, elle présente sa première création, R.u.in.es – Chapitre I, lors des Quarts d’Heure du Théâtre Sévelin à Lausanne. La version intégrale, produite par la compagnie SUBTERFUGA qu’elle fonde en 2024, est présentée en mai 2025 au Théâtre 2·21, avec le soutien de PREMIO 2024 – prix d’encouragement pour les arts de la scène.
Dans son travail chorégraphique, elle aborde le corps comme une archive vivante traversée par des histoires, des récits et des fantômes enfouis. Elle développe la danse comme une pratique de mémoire : un moyen d’incarner et de réactiver ce qui a été effacé, mais aussi d’ouvrir vers des futurs possibles et des imaginaires désirés. Son approche met en jeu le corps comme lieu de transmission, où se croisent héritages et luttes. Nourrie par une pensée décoloniale, elle interroge l’impact de la colonisation sur les corps et la manière dont ceux-ci inventent des stratégies pour résister à l’oubli.